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Bouddha et moi.

Bouddha et moi.
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Bouddha et moi.
19 septembre 2005

Qu'ece que la médiatation ?

De nos jours, on confond parfois la méditation avec d'autres activités. Se borner à détendre le corps et l'esprit n'est pas la méditation. S'imaginer soi-même comme quelqu'un qui réussit, qui possède des objets merveilleux, de bonnes relations, la renommée et la reconnaissance des autres, n'est pas non plus la méditation. Cela, c'est tout simplement rêvasser sur des objets d'attachement. La méditation ne consiste pas davantage à s'asseoir dans la posture du vajra complète, le dos droit comme un i, un air de sainteté flottant sur le misage. La méditation est une activité mentale. Même si le corps se tient dans une posture parfaite, si notre esprit s'emballe en pensant à des objets d'attachement ou de colère, nous ne sommes pas en méditation. La méditation n'est pas non plus un état de concentration comme nous pouvons en avoir quand nous peignons, quand nous lisons ou nous livrons à une activité qui nous intéresse. Et ce n'est pas rester simplement conscients de ce que nous sommes en train de faire à n'importe quel moment précis.

Le mot tibétain que l'on traduit par méditation est gom. Il a la même racine verbale que "s'habituer à", " se familiariser avec". La méditation signifie s'habituer à des émotions et à des attitudes constructives, réalistes et bienfaisantes. Elle cumule les bonnes habitudes de l'esprit. Nous utilisons la méditation pour transformer nos pensées et nos points de vue afin qu'ils soient plus compatissants et correspondent à la réalité.

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19 septembre 2005

Si nous sommes détachés, pouvons-nous rester avec notre famille et nos amis ?

"Détachement" n'est pas une traduction exacte du concept bouddhiste. "non-attachement" serait plus juste. Le détachement peut impliquer de ne pas se sentir concerné, d'être froid et distant. Mais au sens bouddhiste, le non-attachement signifie avoir une attitude équilibrée, qui ne s'accroche pas. Quand nous sommes libres d'attachement, nous n'attendons pas des autres des choses irréalistes, et nous ne nous accrochons pas à eux de peur d'être malheureux quand ils ne sont pas là. Le non-attachement est une attitude calme, réaliste, ouverte, qui accepte. Elle n'est pas hostile, paranoide ni insocialble. Avoir une attitude équilibrée ne veut pas dire rejeter nos amis et notre famille. Cela signifie entretenir avec eux une relations différent. Quand nous ne sommes pas attachés, nos relations avec les autres sont harmonieuses et, en fait, notre affection pour eux s'accroît.

Le bouddhisme insiste sur la nécessité de chérir les autres plus que soi-même. Cela peut-il conduire à des relations de co-dépendance dans lesquelles une personne sacrifie tout le temps ses propres besoins pour faire plaisir à l'autre ?

Non, pas si on le comprend correctement. On peut prendre soin des autres avec deux motivations très différentes. Dans un cas, nous prenons soin des autres de manière malsaine, en ayant l'air de nous sacrifier, mais en réalité en agissant par peur ou par attachement. Les gens qui aiment les louanges, la renommées, les relations, etc., et qui ont peur de les perdre, peuvent apparemment négliger leurs propres besoins pour prendre soin des autres. Mais en fait, ils se protègent eu-mêmes d'une manière stérile. Leurs attentions ne viennent pas d'un amour véritable, mais d'une tentative égocentrique d'être heureux qui les rend, en réalité, plus malheureux.

L'autre manière de prendre soin des autres est motivée par une affection vraie, et c'est celle-ci qu'a encouragée le Bouddha. Cette sorte d'affection et de respect pour les autres ne cherche pas, n'attend pas, quoi que ce soit en retour. Elle s'enracine dans la conscience que tous les autres^êtres veulent être heureux et désirent éviter la souffrance tout autant que nous. De plus, ils nous ont tous aidé, soit dans des vies précedentes, soit dans cette vie-ci, en faisant leur travail, quel qu'il soit, dans la société. En imprégnant notre esprit de ce genre de pensées, nous ressentons naturellement de l'affection pour les autres, et notre motivation à les aider se fonde sur un désir authentique de les voir heureux.

La co-dépendance ne naît pas de ce qu'une personne, dans la relation, serait manipulatrice ou exigeante. Elle évolue quand l'attachement, la colère et la peur de deux personnes, ou plus, se nourrissent les  unes des autres de manières malsaines. si une personne a cultivé le non-attachement et agit avec amour et une compassion vrais, même si l'autre essaie, consciemment ou inconsciemment, de la manipuler, celui dont la motivation est claire ne deviendra pas dépendante d'un schéma d'interactions malsaines.

11 août 2005

Quelle différence y a-t-il entre être attaché aux autres et les aimer ? Pourquoi l'attachement pose-t-il problème ?

Dans le bouddhisme, on définit l'attachement comme l'attitude
consistant à exagérer les qualités des autres ou à projeter sur eux
des qualités qu'ils n'ont pas, puis à s'accrocher à ces personnes.
Avec l'attachement, nous nous soucions des autres parce qu'ils nous
font plaisir. Ils nous font des cadeaux, des compliments, nous aident
et nous encouragent. Avec l'amour, nous voulons que les êtres
sensibles aient le bonheur et ses causes, tout simplement parce qu'ils
sont des êtres vivants comme nous. Quand nous sommes attachés aux
autres, nous ne les voyons pas tels qu'ils sont, et par là nous en
arrivons à attendre d'eux beaucoup, pensant qu'ils devraient être
comme ci et faire cela. Puis, s'ils ne se montrent pas à la hauteur de
ce que nous pensions qu'ils étaient ou auraient dû être, nous nous
sentons blessés, déçus et nous nous mettons en colère.
Quand nous aimons les autres, nous n'attendons rien en retour. Nous
acceptons les gens tels qu'ils sont et nous essayons de les aider, mais
nous ne nous soucions pas du bénéfice que nous allons tirer de cette
relation. Le véritable amour n'est pas jaloux, possessif, ni limité
à un petit nombre de proches et d'êtres chers. Mais il est impratial
et on le ressent pour tous les êtres.

         - Si nous arrêtons d'attendre quoi que ce soit des  autres et
abandonnons notre attachement à eux, ne risquons-nous pas de devenir
cyniques et de ne plus avoir confiance dans les gens ?

En tant qu'êtres social, nous attendons des autres, selon les
situations, certaines manières et certains comportement. Par exemple,
nous attendons que notre collaborateur ou notre collaboratrice nous
salue quand nous le saluons. Nous attendons que les personnes avec qui
nous travaillons sur un projet fassent leur part de travail. De telles
attentes sont normales. La difficulté commence quand nous nous mettons
en colère ou quand nous nous sentons blessés si un epersonne ne
répond pas à ce que nous attendons d'elle. Nous pouvons penser : "
très bien, je n'attendrai tout simplement plus rien de personne", mais
cette attitude n'est que du cynisme, ce n'est qu'une autre émotion
négative - qu'il ne faut pas confondre avec l'abandon de
l'attachement. L'attitude que nous chercons à cultiver espère quand
même que les autres vont être fiables, mais ne s'attend pas à ce
qu'ils le soient tout le temps. Nous avons toujours une confiance
fondamentale dans la gentillesse des gens, mais nous pouvons accepter

que celle-ci ne se montre pas, car nous nous rappelons que, tout comme
nous, ils sont parfois envahis d'émotions négatives et de confusion.

11 août 2005

Pourquoi nous aimer nous-mêmes et avoir de la compassion pour nous-mêmes ?

Prendre soin de nous-mêmes est important. Le bouddhisme ne nous
demande pas de nous négliger au nom de la compassion, de sorte que
nous devenions un poids pour les autres et qu'ils doivent prendre soin
de nous. Nous devons nous aimer et prendre soin de nous d'une manière
saine - mais pas d'une manière obsessionnelle. Nous devons garder
notre corps propre et faire attention à notre santé. Nous devons
garder une disposition heureuse afin de pouvoir, à notre tour, donner
aux autres de bon coeur et gaiement. Nous aimer et avoir de la
compassion pour nous-mêmes ne veut pas dire nous laisser aller à tous
nos caprices ou nous faire passer nous-mêmes avant tout le reste. Si
nous nous préoccupons de toutes les petites choses qui nous arrivent,
et si nous faisons une histoire de la moindre petite émotion que nous
ressentons, nous deviendrons trop sensibles et trop susceptibles. Cela
nous rendra plus malheureux. L'obsession de soi et l'amour de soi sont
très différents.

Le dalaï-Lama dit : "si vous voulez être égoiste, soyez sagement
égoistes. Soyez attentifs aux autres !" Si nous sommes tournés vers
nous-mêmes et ignorons les préoccupations des autres ou les faisons
passer apr¨s les nôtres, les autres serton malheureux. Alors, nous
vivrons dans un entourage malheureux ce qui fera obstacle à notre
propre bonheur. Si nous faisons attention aux autres, ils sont heureux
et le lieu ou nous vivons a une bonne ambiance, ce qui, à son tour,
nous aide à être heureux. De plus, les actes motivés par la
préoccupation de soi plantent des graines karmiques négatives dans
nos courants de conscience, mûrissant en expériences déplaisantes
pour nous, tandis que les ctes motivés par l'attention et le souci
d'autrui authentiques créent de bonnes graines karmiques, qui nous
apporteront du bonheur.

La détermination à être libre de l'existence cyclique et à
atteindre le nirvana, qui est le premier des trois aspects de la voie
(les autres étant l'intention altruiste et la sagesse qui a conscience
de la vacuité), signifie que l'on a de la compassion pour soi-même.
Ne voulant pas continuer à souffrir dans l'existence cyclique, nous
cultivons l'aspiration à en être libre. Ce type de compassion pour
nous-mêmes est nécessaire à notre progrès spirituel. C'est aussi
une condition nécessaire pour pouvoir engendrer de la compassion pour
tous les autres êtres sensibles.

11 août 2005

Quelle est la différence entre compassion et pitié ?

La compassion est le souhait que tous les êtres sensibles soient
libres de la souffrance et de ses causes. Comme l'amour, on l'engendre
à partir du moment ou l'on accorde une valeur égale à la souffrance
de chacun. Alors qu'il y a un différentiel en termes de pouvoir dans
le cas de la pitié, il n'y en a aucun lorsque nous avons de la
compassion. Quand nous avons pitié, nous nous voyons comme un être
supérieur et, avec condescndance et une fausse sympathie, nous nous
apitoyons sur ceux que nous considérons comme inférieurs à nous. La
compassion, par contre, est très directe, et sur un pied d'égalité.
La souffrance est à écarter, peu importe à qui elle appartient; et
si nous avons l'occasion d'y aider, medestement ou largement, nous le
ferons.
Par exemple, quand nous marchons sur une épine, notre main se tend
vers le bas, retire l'épine et panse la plaie. La main ne dit pas :
"pied, tu es idiot! je t'avais déjà dit de regarder ou tu vas, mais
tu ne l'as pas fait. Et maintenant, il faut que je te soigne. N'oublie
pas que tu me dois quelque chose ! " Pourquoi la main ne "pense"-t-elle
pas ainsi ? Parce que la main et le pied font partie du même organisme
et s'entraident naturellement et spontanément. De même, si nous nous
considérons comme faisant partie d'un même organisme, faisant partie
de toute vie sensible, nous tendrons vers les autres comme s'ils
étaient nous. C'est le genre de compassion que nous assayons de
cultiver par la pratique.

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11 août 2005

Si nous aimons tout le monde également, les relations sociales normales vont-elles éclater ?

L'amour est une émotion que nous voulons cultiver dans notre coeur
pour tout le monde. Mais cela ne veut pas dire que nous traitions tout
le monde de la même manière. Par exemple, nous reconnaissons encore
les limites et les capacités des enfants, et nous entrons en relation
avec eux en tant qu'enfants, non en tant qu'adultes. Evidemment, nous
traitons les personnes que nous connaissons différemment des inconnus,
parce que les rôles conventionnels socialement reconnus tiennent
toujours. Si quelqu'un est mal disposé contre nous, nous devons
écouter, communiquer et tenter de mettre fin au conflit. Nous ne
traiterons pas cette personne comme s'il n'existait pas de dissension,
car elle croirait que nous ne l'entendons pas. Toutefois, quelque soit
le genre de relation que nous ayons avec une certaine personne à un
moment donné, cela ne nous empêche pas d'avoir une attention égale
pour tous dans notre coeur.

8 août 2005

Le bouddhisme parle d'aimer tous les êtres avec impartialité. Est-ce possible ?

Oui. Cela implique de regarder au-delà des apparences superficielles dans le coeur des autres, et de reconnaître que chacun des êtres sensibles veut, aussi intensément que nous, être heureux et éviter la souffrance. Sous ce rapport, tous les êtres sensibles sont égaux. Familiariser sans cesse notre esprit avec cette manière de voir rabat le caquet à l'esprit critique, l'esprit qui juge et qui aime prendre les autres en faute. Par exemple, quand nous faisons la queue, nous nous livrons à des commentaires sur les gens qui nous entourent : "Celui-ci est trop maigre... Pourquoi celle-ci s'habille-t-elle si mal ?... Cette personne a un air agressif... Cette autre veut en mettre plein la vue." Ce genre de monologue intérieur est fondé sur des apparences superficielles et de fausses suppositions, et il ne sert qu'à renforcer nos préjugés et à nous donner l'impression que nous sommes à part des autres. Si nous entraînons notre esprit à regarder plus profond et à reconnaître que chacun est exactement pareil à nous en ce qu'il veut le bonheur et ne veut pas souffrir, nous nous sentirons alors un lien en commun avec tout un chacun, et nous serons capables de souhaiter du bien à tous également. Inutile de dire que, pour cultiver une telle attitude, nous devons y mettre le paquet. Nous ne pouvons nous contenter d'y penser deux ou trois fois et nous attendre à ce que tous nos partis pris disparaissent instantanément !

Nous sommes des êtres d'habitudes, et il nous faut faire des efforts pour nous tirer de nos habituels jugements, réaction émotives et comportement vis-à-vis des autres. Chaque instant de notre vie est neuf et nous donne l'occasion de ressentir et de faire les choses différemment. Chaque fois que nous rencontrons quelqu'un, nous avons une opportunité de nous connecter, de donner et d'échanger de la bienveillance. Si seulement nous nous réveillions et profitions de toutes les opportunités, car il s'en présente tellement chaque jour !

8 août 2005

Que sont l'amour et la compassion d'un point de vue bouddhiste ? En quoi sont-ils importants ?

L'amour est le souhait que tous les êtres sensibles (tout être qui a un esprit et n 'est pas encore pleinement éveillé) aient le bonheur et ses causes. La compassion, c'est leur souhaiter d'être libres de la souffrance et de ses causes. Nous travaillons d'arrache-pied à cultiver ces sentiments pour tous les êtres également - nous-mêmes, ceux que nous connaissons, et ceux que nous ne connaissons pas.

Amour et compassion bénéficient à nous-mêmes et aux autres. Quand ils nous animent, nous nous sentons en contact avec tous les êtres vivants et reliés à eux. Les impressions d'aliénation et de désespoir s'effacent pour être remplacées par l'optimisme. Quand nous agissons avec ces deux motivations, ceux qui nous touchent de près bénéficient de la proximité de quelqu'un de gentil. Notre famille sent la différence, de même que nos collègues, nos amis et les gens que nous rencontrons dans la journée. Cultiver l'amour et la compassion est un moyen qui nous permet de contribuer à la paix dans le monde. En outre, cela laisse beaucoup de bonnes empreintes dans notre courant de conscience, si bien que notre pratique spirituelle progresse mieux et nous devenons plus réceptifs pour réaliser la voie vers l'éveil.

5 août 2005

Que signifie "foi" dans le bouddhisme ? Pouvons-nous recevoir la grâce des bouddhas ?

Le bouddhisme nous encourage à apprendre les enseignements du Bouddha et à les mettre à l'essai; voyant ainsi que nous pouvons compter sur eux, confiance et foi en eux grandissent. Le bouddhisme parle de trois sortes de confiance :

  1. La confiance pur ou admirative. Connaissant les qualités du Bouddha, du dharma et du sangha, nous admirons celles-ci.
  2. La confiance d'aspiration. Parce que nous reconnaissons les qualités des Trois Joyaux, nous aspirons à devenir comme eux.
  3. La confiance convaincue. En examinant les enseignements et en les appliquant dans notre vie, nous cultivons la conviction qu'ils sont efficients.

Le bouddhisme n'emploie pas le mot "grâce" lui même, mais il existe un concept proche, que l'on traduit par : recevoir l'inspiration ou les bénédictions des Trois Joyaux. Cela signifie que notre esprit est transformé, en conséquence non seulement de l'influence des Trois Joyaux, mais aussi de notre pratique et de notre ouverture.

4 août 2005

Qui est le Bouddha ? s'il n'est qu'un homme, comment peut-il nous aider ?

On ne peut décrire ce qu'est le Bouddha de bien des manières. Ces diverses perspectives prennent toutes leur source dans les enseignements du Bouddha lui-même. L'une d'entre elles sonsiste à considérer le Bouddha historique, un être humain qui a vécu il y a 2 500 ans, qui a nettoyé son esprit de toutes les souillures cognitives et développé la totalité de son potentiel. Tout être qui fait de même est également qualifié de bouddha, car il n'y a pas qu'un seul bouddha, mais un grand nombre. Une autre manière de voir consiste à comprendre un bouddha précis, ou une déité bouddhiste, comme tous les esprits illuminés en train de se manifester sous un aspect physique particulier pour communiquer avec nous. Une autre manière encore consiste à voir le bouddha ou n'importe quelle déité bouddhiste éveillée comme l'apparition du bouddha que nous deviendrons une fois que nous aurons complèement libéré notre esprit de souillures cognitives et développé tout notre potentiel. Nous allons maintenant approfondir chacune de ces perspectives.

Le Bouddha historique

Le Bouddha historique, Shakyamuni, était né prince Siddhartha Gautama dans une région proche de l'actuelle frontière indo-népalaise. Il avait tout ce que la vie peut offrir : richesses matérielles, famille aimante, gloire, réputation et pouvoir. Peu après sa naissance, un devin prédit que Siddharta deviendrait soit un grand roi, soit un grand maître spirituel. Désireux de le voir devenir un grand homme politique, son père le protégea de toutes les situations déplaisante, Mais je jeune Siddhartha fit le mur du palais;  pendant son incursion en ville, il remarqua d'abord un malade, puis un vieillard et, finalement, un cadavre. Il perdit ses illusions sur les choses qui apportent un bonheur mondain tenporaire, mais ne trouva pas la solution de la fondamentale difficulté d'être des humains. Lors d'une autre sortie en ville, il vit un ascète errant, et apprit que ce dernier cherchait à se libérer du cycle d'existences auquel il était lié par l'ignorance et le karma. Siddhartha quitta, par la suite, sa vie de prince, pour se faire ascète à la recherche de la vérité. Au bout de six ans d'austérités physiques rigoureuses, il comprit que l'extrême rejet de soi ne conduisait pas au bonheur ultime. Il abandonna ses pratiques ascétiques excessives et, assis sour l'arbre de bodhi, près de la ville qui s'appelle aujourd'hui Bodhgaya, en Inde, il entra dans une méditation profonde au cours de laquelle non seulement il purifia complètement son esprit de toutes les conceptions fausses et de toutes les souillures cognitives, mais encore il accomplit parfaitement la totalité de son potentiel et de ses qualités. Il se mit alors à enseigner avec compassionm, sagesse et habileté pendant quarante-cinq ans. Ce faisant, il permit à d'autres de purifier progressivement leur esprit, de développer leur potentiel, et d'atteindre les mêmes réalisations et le même état de bonheur que lui. Ainsi, le mot bouddha signifie-t-il "l'éveillé", celui qui a purifié et cultivé son esprit complètement.

Comment une telle personne peut-elle nous sauver de nos problèmes et de la souffrance ? Le Bouddha ne peut pas retirer de nos esprits les dispositions perturbatrices que sont l'ignorance, la colère et l'attachement à la manière dont une autre personne peut nous retirer une épine du pied. Le Bouddha ne peut pas davantage laver nos souillures cognitives à grande eau ou verser dans nos esprits des prises de conscience de la réalité. Le Bouddha a une compassion impartiale pour tous les êtres sensibles et les chérit plus que lui-meme, donc s'il avait pu éliminer nos souffrances en agissant lui-même, le Bouddha l'aurait fait.

Mais c'est de notres esprit que dépendent nos expériences de bonheur et de souffrance. Il nous arrive le premier ou la seconde selon que nous maîtrisons ou non nos disposition perturbatrices et nos actes contaminés (karma). Le bouddha nous a montré la méthode pour y parvenir, méthode qu'il a lui-même utilisée pour passer de l'état d'être ordinaire confus - notre présente manière d'être - à l'état depurification et d'épanouissemet complets ou bouddhéité. Il dépend de nous de mettre cette méthode en pratique et de transformer notre esprit. Le  Bouddha Shakyamuni est quelqu'un qui a fait ce que nous voulons faire : il a atteint un état de bonheur durable. Son exemple et ses enseignements nous indiquent comment en faire autant. Mais le Bouddha ne peut commander notres esprit; nous sommes les seuls à pouvoir le faire. Notre éveil ne dépend pas seulement du fait que le Bouddha montre le chemin, mais aussi de nos propres efforts pour le suivre.

Pour prendre une comparaison, imaginez que nous voulions aller à Londres. D'abord, il faut savoir s'il existe réellement un lieu appelé Londres. Puis nous chercherons quelqu'un  qui y soit allé, qui ait la connaissance et la capacité de nous donner toutes les informations pour le voyage, et qui veuille bien le faire. Il serait idiot de suivre quelqu'un qui n'a jamais mis les pieds : cette personne pourrait, sans le vouloir, nous donner des informations erronées. De même, le Bouddha a atteint l'éveil; il a la sagesse, la compassion et le savoir-faire nécessaires pour nous montrer la voie. Il serait ridicule de nous fier à un guide qui n'a pas atteint lui-même l'état d'éveil.

Notre guide peut nous informer de ce qu'il faut emporter avec nous pour le voyage et de ce qu'il faut laisser derrière nous. Il peut nous parler des correspondances dans les aéroports, des divers endroits par lesquels nous allons passer, des dangers que nous sommes susceptibles cde rencontrer en chemin, et des ressources dont nous pouvons disposer. De manière analogue, le Bouddha décrivait les divers niveaux des voies et des étapes, la progression de l'une à l'autre, les qualités positives à prendre avec nous et à cultiver, et les défauts nuisibles à laisser derrière nous. Mais un guide ne peut nous forcer à faire le voyage : il ou elle ne peut qu'indiquer le chemin. Nous devons nous rendre nous-mêmes à l'aéroport et prendre l'avion. De même, le Bouddha ne peut nous contraindre à pratiquer la voie. Il donne les enseignements et montre par son exemple comment s'y prendre, mais c'est à nous de le faire.nine

Les Bouddhas en tant que manifestations

La deuxième manière d'envisager les bouddhas, c'est en tant qu'esprits-coeurs illuminés qui se manifestent sous les diverses formes physiques de bouddhas et de déité bouddhistes. Les bouddhas sont omniscients, en ce qu'ils perçoivent tous les phénomènes qui existent aussi clairement que nous voyons nous-mêmes la paume de notre main. Ils ont atteint cette capacité en développant pleinement leur sagesse et leur compassion, éliminant ainsi tous les obscurcissements. Mais il ne nous est pas possible, à nous, de compmuniquer directement avec les esprits illuminés des bouddhas car nos esprits sont obscurcis. Pour pouvoir accomplir le souhait qui leur tient le plus à coeur, conduire tous les êtres à l'illumination, les Bouddhas doivent communiquer avec nous, et, pour le faire, ils prennent  des formes physiques. Nous pouvons donc penser au Bouddha Shakyamuni comme à un être qui était déjà éveillé, et qui est apparu sous la forme d'un prince pour nous enseigner.

Mais si Shakyamuni était déjà illuminé, comment a-t-il pu renaître ? il n'a pas pris renaissance sous la contrainte de dispositions perturbatrices et d'actes viciés (karma) comme le font les êtres ordinaires, parce qu'il avait déjà éliminé de son esprit les souillures cognitives correspondantes. Mais il a été capable d'apparaître sur cette terre par le pouvoir de la compassion. Pareillement, des bodhisattvas de haut niveau - des êtres qui ont le désir constant et intense de devenir des Bouddhas pour faire du bien aux autres - peuvent prendre naissance volontairement, non par ignorance, comme il arrive aux êtres ordinaires, mais par compassion.

En pensant au Bouddha en tant que manifestation, nous n'insistons par sur le Boudha en tant que personnalité. Nous nous concentrons plutôt sur les qualités de l'esprit omniscient apparaissant sous la forme d'une personne. C'est une manière plus abstraite de concevoir le Bouddha, penser ainsi demande donc un plus grand effort de notre part.

De même, on peut voir les diverses déités bouddhistes illuminées comme des manifestations de qualités qui sont celles des esprits illuminés. Pourquoi y a-t-il de si nombreuses déités, si tous les êtres qui ont atteint l'illumination ont les mêmes réalisations ? Parce que chacune de ces apparences physiques met en relief (et communique avec) des aspects différents de notre personnalité. Ceci montre les moyens habiles des bouddhas, leur capacité d'aider chacun selon ses prédispositions. Par exemple, Avalokiteshvara (Kuan Yin, Chenrézig, Kannon) est la manifestation de la compassion de tous les Bouddhas. Bien que possédant la même compassion et la même sagesse que n'importe quel bouddha, la manifestation spécifique Avalokiteshvara met en relief la compassion.

La compassion illuminée est invisible pour les yeux, mais si elle devait apparaître physiquement, à quoi ressemblerait-elle ? Tout comme les artistes s'expriment symboliquement par le moyen d'images, les bouddhas expriment leur compassion symboliquement en apparaissant sous la forme d'Avalokiteshvara. Sur certains dessins, Avalokiteshvara est blanc avec mille bras. La couleur blanche souligne la pureté, ici la purification de l'égoisme par la compassion. Les mille bras se terminnent chacun par une main pourvue d'un oeil dans sa paume, ce qui exprime la manière impartiale dont la compassion porte considération à tous les êtres en leur tendant la main pour les aider. Le corps même d'Avalokiteshvara montre comment agit la compassion. En visualisant cette dernière sous cette forme physique, nous pouvons communiquer avec la compassion d'une manière non-verbale et symbolique.

La déité Manjushri est la manifestation de la sagesse de tous les bouddhas. Manjushri a les mêmes raélisations que tous les bouddhas. Dans la tradition tibétaine, Manjushri est représenté de couleur or, tenant une épée enflammées et une fleur de lotus sur laquelle repose le Sutra de la Connaissance Transcendante.Cette forme physique est symbolique de réalisations intérieures. La couleur dorées représente la sagesse, qui illumine l'esprit comme les rayons d'or du soleil éclairent la terre. Tenir le Sutra de la Connaissance transcendante fait signe que, pour cultiver la sagesse, nous devons étudier, contempler et méditer sur le sens encolos dans le sutra. L'épée représente la sagesse dans sa fonction de pourfendre l'ignorance. En visualisant Manjushri et en méditant sur lui, nous pouvons acquérir les qualités d'un bouddha, et surtout la sagesse.

Ces deux exemples nous aident à comprendre pourquoi il y a tant de déités. Chacune souligne un aspect particulier des qualités de l'éveil et nous communique symboliquement cet aspect. Cela ne signifie pas, pourtant, qu'Avalokiteshvara ne sit pas un être. A un certain niveau, nous pouvons comprendre le Bouddha de la Compassion comme une personne qui réside dans une terre pure particulière - un lieu ou toutes les conditions conduisent à la croissance spirituelle. A un autre niveau, nous pouvons voir en Avalokiteshvara une manifestation de la compassion sous forme physique. Au Tibet, Avalokiteshvara prend une forme masculine et en Chine une forme féminine. Un esprit illuminé se situe, en fait, au-delà du masculin et du féminin. Les diverses  formes physiques ne sont que des apparences destinées à communiquer avec nous. êtres ordinaires, qui sommes tellement engagés dans les formes, Un être illuminé peut apparaître dans une grande variété de corps. S'il est plus efficace d'apparaître dans u ne grande variété de corps. S'il est plus efficace d'apparaître sous une forme féminine aux gens d'une culture et sous une forme masculine aux gens d'une autre, un être éveillé le fera.

Ces diverses manifestations ont la même nature: le merveilleux esprit de sagesse et de compassion omniscient. Les bouddhas et les déités ne sont pas des êtres séparés les uns des autres à la manière dont une pomme et une orange sont des fruits séparés. Mais plut^t, ils ont tous la même nature. Ils n'apparaissent sous des formes extérieures différentes les unes des autres que pour communiquer avec nous de diverses manières. D'un bloc d'argile, le potier peut faire un pot, un vase, une assiette ou une statuette. La nature de tous ces objets est la même, de l'argile, pourtant elles remplissent des fonctions différentes selon la forme donnée à l'argile. De même, la nature de tous les bouddhas et déités est le bienheureux esprit de sagesse et de compassion omniscient. Celui-ci apparaît sous toutes sortes de formes pour remplir des fonctions diverses. Ainsi, quand nous voulons cultiver la compassion, nous mettons l'accent sur la méditation sur Avalokiteshvara, et quand notre esprit est lourd et mou, nous insistons sur la pratique de Manjushri, le Bouddha de la Sagesse. Ces bouddhas ont tous les mêmes réalisations, mais chacun d'entre eux, ou d'entre elles, a sa spécialité.

le bouddha que nous deviendrons

La troisième manière de comprendre le bouddha, c'est en tant qu'apparition de notre propre nature de bouddha sous sa forme pleinement développée. Tous les êtres ont le potentiel de devenir des bouddhas car nos esprits à tous sont intrinsèquement purs. A présent, ils sont voilés par des dispositions perturbatrices et des émotions négatives (kleshas), ainsi que par des actions viciées (karma). En pratiquant avec costance, nous pouvons faire disparaître de nos courants de conscience ces souillures et nourrir les semences de nos belles potentialités. Ainsi chacun d'entre nous peut devenir un bouddha quand ce processus de purification et de croissance est arrivé à son terme. Cela n'existe que dans le bouddhisme, car la plupart des religions disent qu'un intervalle infranchissable sépare l'être divin et l'être humain. Mais le Bouddha a dit que chacun des êtres a le potentiel de devenir pleinement illuminé. Il suffit de pratiquer la voie et d'en créer les causes, pour atteindre l'illumination. Ainsi les êtres sont-ils nombreux à être déjà devenus des bouddhas, et nous aussi, nous pouvons en devenir un.

Quand nous visualisons le Bouddha ou une déité en pensant à lui, ou à elle, comme au futur bouddha que nous deviendrons, nous imaginons notre nature de bouddha, à présent latente, sous sa forme pleinement développée. Nous pensons à l'avenir, au moment ou nous serons arrivés au bout de la voie de l'illumination. En imaginant l'avenir au présent, nous réaffirmons notre bonté latente. Le futur bouddha que nous deviendrons, c'est cela qui nous protège vraiment de la souffrance, parce qu'en devenant ce bouddha nous aurons éliminé les causes des situations qui, actuellement, ne nous satisfont pas.

Ces diverses manières de comprendre le bouddha sont de difficulté croissante. Il se peut que nous ne saisissions pas tout immédiatement. C'est très bien. C'est parce que les gens ont des manières de comprendre différentes que  sont exposées des interprétations différentes. Il ne nous est pas demandé de penser tous de la même manière, ni de tout comprendre tout de suite.

S'il existe des personnes, vivant aujourd'hui qui ont atteint la bouddhéité, pourquoi ne disent-elles pas qui elles sont et ne montrent-elles par leurs pouvoirs de clairvoyance pour susciter la foi dans les autres ? Pourquoi les grands maîtres refusent-ils tous d'admettre qu'ils ont des réalisations spirituelles ?

L'une des principales qualités d'un être éveillé est l'humilité. Cela ne ressemblerait pas aux bouddhas d'aller se vanter de leurs réussites et de rassembler des disciples par égocentrisme. Dnas leur authentique respect pour tous les êtres, les grands maîtres spirituels nous donnent un bon exemple. Nous autres, les êtres ordinaires, nous avons tendance à faire étalage de nos qualités, et même à nous targuer de talents et de réussites qui ne nous appartiennent pas. Les pratiquants avancés font le contraire : ils restent humbles.

Le Buddha interdisait  ceux qui le suivaient de montrer leurs pouvoirs visionnaires ou miraculeux, sauf si les circonstances le rendaient absolument nécessaire, et ils n'étaient pas autorisés à en parler. Il y a plusieurs raisons à cela. Si quelqu'un avait des pouvoirs de voyance et s'il les montrait, son orgueil pourrait enfler, ce qui nuirait à sa pratique. Les autres, en outre, pourraient devenir superstitieux et penser que les pouvoirs de voyance sont le but du chemin. En fait, ils sont un effet secondaire et ne se révèlent de quelque utilité que si l'on possède la motivation juste, l'impartiale bien-veillance aimante. Par ailleurs, si un bouddha en corps de lumière rayonnante apparaissait soudain dans la rue, les gens, sous un tel choc, se trouveraient dans l'incapacité de prêter attention aux enseignements de ce bouddha. Il est plus habile, pour ceux qui ont atteint des niveaux élevés de la voie, de paraître sous une forme ordinaire. Il se peut que nous remarquions qu'ils ont des qualités exceptionnelles, mais le fait qu'ils nous ressemblent nous permet de nous sentir plus proches d'eux. Cela nous donne confiance ; nous aussi, nous pouvons cultiver ces mêmes qualités éveillées que nous leur voyons.

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